Les pays doivent se préparer aux prochaines crises en mettant sur pied un Fonds mondial pour la protection sociale, un nouveau mécanisme de financement international permettant de mieux protéger les populations : c’est la proposition d’un rapport présenté par Olivier De Schutter, Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté, au Conseil des droits de l’homme.
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« Il y a deux ans, avant la pandémie de Covid-19, l’Organisation mondiale de la santé exhortait déjà les gouvernements à “réparer le toit avant l’arrivée de la pluie”. Et pourtant, le monde a été pris par surprise en 2020 », a rappelé l’expert.
Pour Olivier De Schutter, « nous devons et nous pouvons faire mieux la prochaine fois. Les pays, et surtout ceux à faibles revenus, ne peuvent pas se préparer seuls à la prochaine crise. Un nouveau mécanisme international leur donnera la possibilité de mettre en place d’indispensables systèmes de protection sociale ».
Selon l’Organisation mondiale du travail, 55% de la population mondiale – 4 milliards de personnes – ne bénéficient d’aucune protection sociale quelconque et 16% de la population – 1,2 milliard de personnes – bénéficient d’une protection sociale partielle. Seuls 35% des enfants, soit à peine plus d’un enfant sur trois, bénéficient d’allocations leur garantissant l’accès aux soins de santé, à l’alimentation et à l’éducation.
« Dans le passé, nous avons clairement trop peu investi dans la santé, les allocations de chômage, les retraites et les allocations familiales ou d’invalidité. Aujourd’hui, ce sont les pauvres qui paient le prix de cette erreur. Davantage d’investissements dans ces programmes publics, qui constituent la colonne vertébrale de la protection sociale universelle, auraient permis de limiter l’augmentation du nombre de personnes en situation de pauvreté suite à la pandémie de Covid-19. En 2020, de 88 à 115 millions de personnes ont basculé dans l’extrême pauvreté, et en 2021, celle-ci touchera entre 23 à 35 millions de personnes supplémentaires, selon les dernières estimations ».
« Mettre sur pied un Fonds mondial pour la protection sociale est réaliste et abordable financièrement, mais cela requiert une volonté politique forte », a déclaré Olivier De Schutter. « L’Organisation mondiale du travail estime que moins de 78 milliards de dollars seraient nécessaires pour permettre aux pays à faibles revenus d’établir des socles de protection sociale, y compris de manière à permettre l’accès aux soins de santé, pour couvrir une population de 711 millions de personnes. Il s’agit de moins de la moitié de ce que les pays riches dépensent déjà chaque année en aide publique au développement. La question n’est donc pas de savoir si le monde peut se payer la protection sociale universelle, mais si cela doit figurer en tête des priorités internationales ».
« La protection sociale n’est pas une charge qui pèse sur les budgets publics. Il s’agit d’un investissement qui bénéficie à la toute la société, de génération en génération. Elle permet d’améliorer le niveau d’éducation des populations, la sécurité alimentaire et la santé, et elle soutient les économies locales. La protection sociale est un levier pour des sociétés plus résilientes et plus justes ».
Le Fonds mondial pour la protection sociale permettra aux pays bénéficiaires de financer progressivement la sécurité sociale grâce à leurs ressources propres. Plutôt que de déboucher sur une nouvelle forme de dépendance, ce fonds aidera à identifier de nouvelles sources locales de financement et il garantira un soutien durable aux pays concernés.
« Progressivement, l’aide internationale diminuera à mesure que les pays bénéficiaires du Fonds mondial développeront leur capacité à imposer les revenus générés localement et pourront redistribuer les richesses sous forme de protection sociale universelle », a précisé l’expert.
« La semaine dernière, le 19 juin, la Conférence internationale du travail a décidé officiellement de mettre le Fonds mondial pour la protection sociale sur la table de travail de l’OIT. C’est une avancée historique. Nous devons à présent nous fixer comme objectif collectif de mettre sur pied ce nouveau mécanisme de solidarité pour juin 2022, dix ans après l’adoption de la recommandation de l’Organisation internationale du travail sur les socles de protection sociale », a déclaré Olivier De Schutter.
« Le monde ne peut attendre la prochaine pandémie les bras croisés. Nous devons agir dès à présent, et le Fonds mondial pour la protection sociale est notre meilleur atout ».
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Regardez la présentation en direct le 30 juin à partir de 15h CEST
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M. Olivier De Schutter est le rapporteur spécial des Nations unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme. Il a été nommé par le Conseil des droits de l’homme le 1er mai 2020. Les rapporteurs spéciaux font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand organe d’experts indépendants du système des droits de l’homme des Nations unies, est le nom général des mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance du Conseil qui traitent de situations spécifiques à des pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.
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