En transformant l’Etat-providence en Etat contrôleur, les gouvernements démocratiques accroissent le ressentiment qui fait le lit de la droite radicale, avertit le rapporteur de l’ONU Olivier De Schutter.
En conclusion de son rapport «Le populisme d’extrême droite et l’avenir de la protection sociale» présenté le 22 octobre à l’Assemblée générale des Nations unies, le rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté, le Belge Olivier De Schutter, avance que «les partis traditionnels ont créé un terrain fertile pour la montée du populisme d’extrême droite en remodelant l’Etat providence, en véhiculant l’idée que la protection sociale devait bénéficier aux “pauvres méritants” et aux natifs d’abord, (…) et en présentant la protection sociale comme une charge grevant les budgets publics, alors qu’elle est en réalité un investissement dans l’avenir, qui peut s’avérer très rentable». A l’heure où de nombreux gouvernements font de la réduction du déficit budgétaire la priorité de leur action et que des forces politiques de droite radicale se rapprochent du pouvoir quand elles ne l’exercent pas déjà, la question de la lutte contre la pauvreté, de plus en plus dévoyée en lutte contre les pauvres, est particulièrement cruciale. Olivier De Schutter en dessine les enjeux.